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Mesure de la circularité : méthodes et indicateurs clés

Aucune entreprise ne peut aujourd’hui prétendre à la neutralité environnementale sans s’appuyer sur des métriques précises. Les standards de reporting extra-financier imposent désormais la publication d’indicateurs de circularité, rendant toute approximation inopérante face aux exigences réglementaires et aux attentes des parties prenantes.Certaines méthodes, peu connues il y a cinq ans, sont devenues incontournables tandis que de nouveaux outils s’imposent, tels que l’ECOSCALE. L’écart se creuse entre les organisations capables de mesurer concrètement leur circularité et celles qui peinent à traduire leurs engagements en données tangibles.

La circularité en entreprise : un enjeu de transformation durable

Adopter une logique d’économie circulaire bouleverse la trajectoire des entreprises. Pourquoi gaspiller quand on peut prolonger la valeur des ressources ? Aujourd’hui, la France articule la transformation autour de sept piliers établis par l’Agence de la transition écologique : approvisionnement responsable, éco-conception poussée, synergies industrielles et territoriales, économie de la fonctionnalité, consommation responsable, allongement de la durée d’usage et recyclage programmé. Ces axes n’ont rien de théorique, ils servent à forger des modèles résilients et cohérents avec les défis contemporains.

Mais ces efforts ne se limitent pas à la seule organisation. Les clients, partenaires, investisseurs et régulateurs scrutent désormais les résultats tangibles : sans documentation précise, la confiance s’effrite. Fournir des données robustes est devenu un passage obligé pour prouver les avancées et afficher une transparence réelle sur l’évolution engagée.

La circularité réclame autre chose que des déclarations ambitieuses. Les entreprises repensent la gestion de leurs flux de matières, optimisent la valorisation des déchets, et ferment les boucles du recyclage, autant d’actions qui prolongent la vie utile des ressources. Ce recentrage libère l’innovation, force la réinvention des produits, et stimule la performance à tous les niveaux. Instaurer une stratégie circulaire, c’est revisiter ses méthodes, ses schémas d’investissement et ses alliances, tout en s’appuyant sur un suivi précis de l’évolution.

Une nouvelle dynamique s’installe : la capacité à piloter la circularité conditionne désormais le modèle économique. Entre pressions réglementaires et mutation des marchés, ne pas s’adapter équivaut à prendre le risque d’être rapidement dépassé.

Quels indicateurs clés pour mesurer l’économie circulaire ?

Pour bâtir et piloter une stratégie circulaire, les entreprises mobilisent aujourd’hui tout un arsenal d’indicateurs qui mesurent leurs progrès environnementaux et structurent leur feuille de route sur la durée. Le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), en association avec KPMG, a mis au point les Circular Transition Indicators (CTI). Cette méthodologie décompose la mesure en trois dimensions : “fermer la boucle”, “optimiser” et “valoriser”. Les CTI permettent de calculer la part de matériaux circulaires, le taux de réemploi, la performance du recyclage, mais aussi l’incidence sur le cycle de vie du produit.

Autre référence : la Fondation Ellen MacArthur propose le Material Circularity Indicator (MCI) pour quantifier à quel point un produit ou un modèle s’inscrit dans la circularité. Le MCI prend en compte la proportion de matériaux vierges, la durabilité, la capacité de réemploi et la recyclabilité. Ces outils croisent aussi la gestion de l’eau, le recours aux énergies renouvelables et les volumes d’émissions de gaz à effet de serre.

Le choix des indicateurs dépend largement du secteur, du produit et des enjeux locaux. Pour s’y retrouver, l’Institut National de l’Économie Circulaire (INEC) et Entreprises pour l’Environnement (EpE) publient régulièrement des guides pour harmoniser les méthodes. Aucun modèle figé ne prévaut : chaque organisation ajuste ses outils de mesure pour coller à sa réalité.

Si on zoome sur les mesures qui font consensus et reviennent le plus sur le terrain, voici celles qui s’imposent :

  • Material Circularity Indicator (MCI) : il permet d’évaluer à la fois la part de matières circulaires et le potentiel de recyclage d’un produit ou d’une organisation
  • Circular Transition Indicators (CTI) : ce cadre structure l’analyse autour de la fermeture, l’optimisation et la valorisation des cycles
  • Des indicateurs qui quantifient la consommation d’eau, l’énergie mobilisée et le suivi des émissions de gaz à effet de serre

Ces points de référence alimentent le dialogue entre entreprises et favorisent une lecture partagée des avancées sur la circularité et la performance environnementale.

Deux jeunes hommes discutant avec infographies en café urbain

Exemples concrets et outils pratiques pour évaluer la circularité, dont ECOSCALE

Sur le terrain, évaluer la circularité d’une activité demande de basculer sur les bons outils selon sa filière et ses enjeux réels. L’analyse du cycle de vie (ACV) occupe une place centrale : elle scrute chaque étape, de l’extraction des ressources à la transformation ou à la valorisation finale. En combinant l’ACV, le MCI et le CTI, des directions parviennent à dessiner une cartographie complète des flux de matières, à cerner les pertes et à repérer les leviers pour prolonger les usages.

Plusieurs dispositifs concrets se distinguent, voici comment ils s’articulent :

  • Le Circular Economy Toolkit, qui offre un bilan rapide centré sur la conception et l’utilisation des produits
  • Le MFCA (Material Flow Cost Accounting), qui chiffre les pertes de matières en euros et en tonnes sur tout le parcours, un signal précieux pour orienter les efforts de réduction
  • Le Circle assessment, une approche intégrée qui propose un score global de circularité pour piloter la démarche et fédérer les équipes

À l’échelle des territoires, d’autres outils sont mobilisés : NAMEA permet d’identifier l’impact des interactions sectorielles sur l’économie et l’environnement. De son côté, ECOSCALE se distingue par une approche intégrée : en réunissant dans un même cadre les données liées à la conception, à l’usage, au recyclage et à la valorisation, il génère un score immédiatement exploitable. Cette vision partagée facilite le reporting extra-financier, tout en guidant les décisions stratégiques. Ce type d’outil accélère la généralisation des pratiques circulaires et installe un socle de confiance autour de la performance écologique.

L’ère des engagements vagues s’achève. Mesurer sa circularité, c’est désormais avancer sur des bases vérifiables. Là se creuse la véritable différence entre les entreprises qui progressent et celles qui se contentent d’annoncer.